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impromptus littéraires - Page 4

  • Emulsion, bleu

    taureau, OsborneBanquettes arrières, ces vapeurs !
    moites suées dans la chaleur
    estivale des traversées
    de nord à Méditerranée
    cuisant l'automobile et familiale
    fournée se trimbalant tant bien que mal
    droit vers l'Espagne
    déroulant des campagnes passagères
    où révoquer l'alphabet de nos pairs
    en défendant l'orthodoxie
    d'orthographiques fantaisies
    mais, tout du long
    nous gardant bien de crêper nos chignons

    Blanquette avare de vin blanc
    et toi, le haricot craquant
    notre palais ne goûtera
    bientôt plus que la paëlla

    Silhouette noire à l'horizon
    un taureau plante son signal
    de stature monumentale
    aux formidables proportions

    Soudain, au détour d'une arête
    (franchie à la bonne franquette)
    voici que tout le bleu du ciel
    plonge
    vers la raison d'être de ma serviette éponge

    Enfin défaits tous les bagages
    il est oublié, le désert !
    La finalité du voyage
    c'est la mer

    Ce bleu qui fait le ciel
    Ce bleu qui me rappelle à tout instant
    ce qui naît, me nourrit le sentiment
    puérilement limpide
    comme l'eau sous le vide
    une intuition que la vie et la mienne
    trempent leurs pieds revigorés
    dans ce bain bleu de Syène

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#125

     Allez, tiens... un parti pris :

    corridas

  • ornières

    pas,pieds,géant,tiniak,manifeste

    Souvent, je me prends pour cet être que je suis
    cet être à ciel ouvert arpentant les endroits
    d'un monde où la raison régie par d'autres lois
    fait lumière d'étrange et nourrit celui-ci

    Je marche dans les pas de géants méconnus
    Les yeux plus grands que le centre de l'univers
    les mains battant le ciel comme on chahute un frère
    je tombe à chaque trace aux rives décousues

    Mes rimes embrassées, je vais, la bouche sèche
    et recomptant mes pieds à chaque nouveau pas
    (j'en ai deux à l'arrêt; un seul touche du plat
     la terre où l'autre cherche à se faire une crèche)

    Je vois dans chaque trace un puits dans le désert
    mais je mange du sable, de la boue, du feu
    avant d'en mesurer le sage, le précieux
    à verser pour ma gourde et me lier ces matières

    J'étais hier encore au creux d'un pas immense
    à danser comme un fou dans mon rire affamé
    Je ne pus me sortir de ses parois laquées
    sans le mage concours des fées nues de l'enfance

    Un soir que je longeais la lèvre d'une faille
    les chansons et les bruits montant du défilé
    avaient cette harmonie que les pluies de l'été
    savent tirer des sols ivres de retrouvailles

    Peut-être l'avant-veille, au bord d'une aube bise
    j'avais trempé les mains dans des reflets joueurs
    Ils se couraient après - promesses de chaleur
    faisant progresser l'or parmi les ombres grises

    Je suis tombé de haut dans de fines empreintes
    tombé de tout mon long dans de vieux marigots
    tombé sur mes genoux tombés dans le panneau
    pour tomber de fatigue au chevet d'une plainte

    (aussi, je prends le goût des choses périssables
     pour tomber amoureux d'elles à tout instant
     qu'il nous est donné d'échanger un air aimable
     en croisant mes lacets dans leurs pas de géant)

    Et je vais par ici, par là, où long me semble
    être d'éternité le premier étalon
    J'irai dans leurs "allez !", j'irai dans leurs "valons !"
    mon regard de Poucet sur sa branche qui tremble

    Alors j'aurai couru de familiers enfers
    donné un coup d'épaule au rocher de Sisyphe
    applaudi l'opéra d'ombrageux incisifs
    formé le rigodon des sanglots de la terre

    Quand j'en aurai tout bu des litrons z'et des pots
    ronflerai dans des paumes pantagruéliques
    entendrai des lapins hoqueter "hic ! mes triques..."
    et des rhinocéros exiger le huis clos

    Pour une ultime fois, répondant à l'appel
    de trompettes enjouées, de guitares marines
    j'irai piquer du nez dans quelque autre ravine
    au moment opportun... selon ma ritournelle...


    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    "...orne hier " pour un Impromptu Littéraire - tiki#122

  • Regards croisés

    couacJe renoue ici avec l'intention première qui m'a conduit à produire des textes sur le site des Impromptus Littéraires. Leur titre a de quoi faire frémir ceux et celles qui ont cette (fâcheuse !) manie d'introduire leurs écrits en ligne par cet adjectif dévalorisant : "petit".... Mes petits écrits, mes petites pensées, mon petit coin... La porte, ouverte GRAND chez les Impromptus Littéraires, devrait afficher : ici rien de petit, tout compte !


    Une fois les clés de la maison déposées dans le petit bol de l’entrée d’où il les avait prises, Jésus rentrait, les mains, les poches et le portefeuille vides, comme prévu. À l’invite des boudins du boudoir de son ami Thorgal chez qui il séjournait, il s’affala lourdement, la tête pleine, elle, de pensées nouvelles.
    C’avait été une bonne idée de faire ce périple nocturne et citadin, dans cette ville capitale qu’est Paris. Les bars du coin regorgeaient de clients éclectiques, avec tout ce qui peut s’y trouver de pittoresque ou de pitoyable, d’amusant ou d’anodin, d’engageant ou de futile. Il n’aurait pas dû, mais il avait bu, seul, avec d’autres. Il avait bu tout ce qu’il s’était autorisé à prendre avec lui comme monnaie ; avait discuté, un peu menti sur son passé, évité le sujet de la santé, ri avec de joyeux drilles et chanté avec un certain Momo, péroré sur la fin à la table d’étudiants en droit commercial et fredonné en rentrant à pied. Oui, vraiment, une bonne soirée. L’ivresse le rabibochait avec sa propension à rimailler sévère. Il griffonna pendant près de deux heures sur son carnet, mais cela ne le distraya pas complètement de son problème. Son problème, c’est son manteau. Son manteau avec ses poches pleines, son portefeuille garni, son col qui lui assure un port de tête des plus convenables, sa poche droite avec ses gants de cuir, bref, son incomparable confort pour arpenter les rues et prolonger jusqu’à l’oubli sa soif d’ivresse.

    À l’autre bout du monde, Thorgal se relevait péniblement d’une nuit passée avec des abrutis fortunés, mais dont il avait obtenu l’essentiel de la levée de fonds qu’il était venu chercher. Les restes de la fin de soirée avaient été discrètement débarrassés de la suite par le personnel de l’hôtel, filles exceptés, dont deux dormaient dans son lit et deux autres dans le canapé d’angle du séjour.
    Thorgal devait son prénom à l’amour indéfectible de son père pour une bande dessinée qu’il affectionnait depuis son enfance, mais la comparaison s’arrêtait là : il était du genre chétif et n’avait de guerrier que son sens des affaires et son appétit sexuel. L’argent et le sexe se conjuguant pratiquement de façon naturelle dans les sphères de son milieu entrepreneurial et financier, on peut dire que Thorgal avait efficacement réalisé ses désirs et satisfait largement à ses besoins vitaux. Une chose le taraudait, cependant : avait-il été judicieux d’offrir à son ami Jésus de séjourner dans sa maison parisienne ?
    Il connaissait Jésus sur le bout des ongles, savait ne rien devoir en craindre pour lui-même, mais il était d’autant plus conscient de la formidable capacité de Jésus pour saccager, à plus ou moins long terme, tout ce qu’il approchait. Sa dépendance à l’alcool n’arrangeant rien à cette disposition foncière. Or, le quartier parisien où Thorgal était propriétaire rassemblait toutes les conditions propices aux excès de son ami Jésus.
    Jésus n’était pas méchant – avec un nom pareil ! mais il était sensible, à l’extrême. Et dieu (oui, bon, admettons) sait ce qui pourrait le conduire à se lancer dans une de ces croisades absurdes dont il avait le secret.

    Le regard de Jésus, revenu dans le corridor de l’entrée, oscillait entre son manteau et le bol contenant les clés de la maison de Thorgal.

    Le regard de Thorgal hésitait entre le téléphone et le couple de femmes enlacées dans le canapé.

    Il ne faut jamais dire « m’en fous ! ». Surtout quand on est seul avec soi-même.

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire -
    tiki #120

  • pavane atlante

    ancre1.jpgPar les flots liquoreux du souvenir tenace
    une ancre s'est jetée vers le socle rocheux
    où traînent dans l'oubli d'indicibles menaces
    réduites à des bouches sans pattes et sans yeux
    attachées pour le mieux à perpétuer la race

    A la surface où bombe un ventre maladif
    le rougeoiement du ciel était sur tous les fronts
    l'heure avançait sans bruit un ordre impératif
    avec l'est à bâbord, les ombres sur le pont
    couvraient de tout leur long les hommages plaintifs

    Voici l'esquif à l'or flottant sur l'insondable
    et sa nage alourdie par l'inertie des corps
    n'y pèse guère plus qu'une poignée de sable
    malgré la gravité de ces deux époux morts
    qui souriaient encore hier, en bout de table

    A l'impensable nul ne s'était préparé
    le couple capital tenant en sa férule
    tous les points cardinaux des humbles destinées
    - la vieille en rapportait la gloire majuscule
      au minot sans recul, au marchand étranger...

    Ni dieu, ni tous les saints n'auraient contré leur dit
    ni les calamités osé lever le groin
    "vous aurez bien assez de vos cieux infinis!"
    leur avaient ri au nez en se donnant la main
    ces mages sur le point de fonder leur pays

    Epiphanie d'un temps de sens et de raison
    que pleure au crépuscule un fébrile océan
    de quel siècle harmonieux sonnes-tu l'abandon
    au moment d'accueillir ces corps drapés de blanc
    tandis que, sous le vent, s'affaisse l'horizon ?

    (à terre, une pavane
     dilate ses accents dans la brise océane)

    Pour un Impromptu Littéraire - tiki#114
    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • griniacq

    tiniak,griniacq,impromptuNoël Griniacq - LES CRIMES DE L’ESCARGOT

    J’habite une cité tout ce qu’il y a de plus communément occidental : centre bourgeois frappé d’asthénie, périphérie tentaculaire aux cages à poules périodiquement repeintes, urbanisme saturé bordant des espaces verts où tintent des avertisseurs de bicyclettes, vestiges d’un passé industrieux grignotés par les zones commerciales ou tertiaires, campus estudiantins, chantiers permanents, ici où là, sans que rien n’y laisse pressentir aucun changement significatif de cet état de fait. Dire l’ennui que c’est mène droit à la nécessité, pressante, de s’en divertir. Chacun son truc. Le mien consiste à suivre le fil de bave que L’Escargot finit toujours par mettre en surbrillance sur les murs, chaussées, tapis d’hôtel, carrelages, linos, moulures, doubles-vitrages ou bancs publics. Quel que soit l’espace où me conduit la trace, confiné, à l’air libre, désert, mondain, crasseux, souterrain ou pailleté, au bout, j’y trouve immanquablement un nouveau carnage. Toujours nouveau. Chaque fois inimaginable de nouveauté, son ingénieuse cruauté. Et moi, chaque fois, j’en bave. Pas seulement parce que c’est mon boulot. Parce que j’y ai pris goût.

     

    « Quelle spirale infernale que ce roman gris baveux, où la (trompeuse !) lenteur du récit le dispute à la (brillante ?) fulgurance des crimes, tous plus affreusement ingénieux les uns que les autres. »
    Noir Crachin, n°315 février 2011.

    « Tremblez, coquilles, cocons et autres illusions de confort !
    Méticuleux avatar de l’esprit ravageur de son auteur, L’Escargot fait la noire et flagrante démonstration du fameux adage « rien ne sert de courir ». Lumineusement glauque ! »
    Lise Et Vous, mars 2011.

     

    Pour un Impromptu Littéraire - tiki #107
    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK